Lorgues

La collégiale St Martin

Les 29 avril et 6 mai, le conseil de communauté, réuni sous la présidence de Jacques Laugier premier-consul, délibère concluant à l'urgence de la construction nouvelle. Comme financement, il prévoit d'exiger le paiement des dettes, et le produit des amendes.

Le 30 novembre, l'évêque vient résider 4 jours pour choisir le terrain et préciser l'orientation du sanctuaire, que nous connaissons aujourd'hui : la façade et les portes tournées au Nord, vers la ville. Ce choix nécessite la destruction de la chapelle ND de Beauvoir, celle de l'ancien hôpital St Jacques, celle de la maison du sacristain-curé, et d'un pâté de maisons appartenant à 3 familles.

Le 15 avril 1704, Mgr de Fleury pose la première pierre selon les plans dressés par Thomas Veyrier, architecte aixois. Celui-ci fait creuser certaines fondations, commence la destruction prévue des immeubles puis se retire du projet en décembre 1705. Pendant ce temps, le conseil de communauté désigne des fabriciens pour observer les travaux et faire les règlements. Il pense aussi à faire des fours à chaux, mais la main-d'oeuvre vient à manquer à partir du 24 juin, période des moissons. Afin de remplacer Veyrier, une adjudication attribue les travaux à un entrepreneur-maçon de Toulon, Joseph Pomet. C'est le début d'une relation longue et difficile qui va durer jusqu'en 1729.

Pendant la durée du chantier, les fidèles utilisent la chapelle des pénitents blancs à la porte Notre-Dame (détruite). Et puis, l'on assiste aux difficultés permanentes de ce vaste chantier. Et d'abord la détresse financière : il faut voter des taxes, emprunter, régler un lourd contentieux fiscal avec l'intendant de Provence. Les travaux sont interrompus entre 1706 et 1710. On conteste la qualité du travail de Pomet, et il faut expertiser. L'épouvantable hiver de 1709 provoque la misère populaire ainsi que la calamité agricole (gel des oliviers). Les pins de St Ferréol ayant gelé, on en profite pour multiplier les fours à chaux. La guerre, l'invasion des Autrichiens, le passage des troupes royales achèvent de ruiner le pays. Aussi, en 1710, la monarchie accorde la remise d'impôt pour la capitation. La conjoncture s'améliorant, un nouveau contrat est signé entre la ville et Pommet le 9 avril 1711: la communauté fournit les matériaux, l'entrepreneur apporte la main-d'oeuvre s'engageant à terminer l'ouvrage dans un délai de 6 ans... La construction sort de terre dans les années 1712-1714 lorsque survient un évènement imprévisible. En 1715, l'évêque de Fréjus est appelé à la cour de Louis XV comme précepteur du dauphin. Avant de partir, les consuls veulent récupérer sa participation (un tiers) aux travaux en cours, en tant que décimateur. Après discussion, Mgr de Fleury se dégage de ses obligations en versant 2000 livres, et les chanoines de la collégiale le font aussi pour la même raison. A cette époque, un toisé du chantier nous apprend que l'église arrive à la hauteur des grandes arcades de la nef et que la maçonnerie est bonne. Nouveaux embarras financiers en 1716, lorsque le trésorier-général exige le paiement des dettes fiscales. On suspend les travaux provisoirement, et l'on recherche des subsides du côté du chapitre qui lui aussi devait le tiers de la dépense étant décimateur. Ce dernier conteste et l'on profite de la visite pastorale du nouvel évêque, Mgr de Castellane (1717 -1739) pour régler la question par le versement d'une contribution de 4000 livres en Mai 1717.


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