Lorgues
La Font Couverte

En l'absence de toute inscription, le dépouillement des archives locales et régionales fournit un certain nombre de points de repère sur l'histoire de cette fontaine qui bordait, au Moyen-Age, la voie de traversé de Lorgues par la grande route d'Avignon à Nice et à l'ltalie (1). La première mention trouvée date de 1309. Elle figure dans un inventaire des biens et des revenus des Templiers, dressé après l'abolition de l'Ordre (2). Parmi les nombreux biens sis à Lorgues, il est porté qu'un certain Raymond Regeselle était taxé d'un denier annuel pour un prè, proche de la fontaine couverte (3). Or, il n'y eut pas d'autre fontaine couverte à Lorgues. Il faudra attendre le XVIIe siècle pour trouver de nouvelles mentions de la fontaine dans les comptes-rendus des déliberations de la communauté de Lorgues. La plus ancienne paraît dater de 1645 (4), elle est due, comme la plupart de celles qui suivront, aux plaintes des habitants contre les souillures qui polluent leur fontaine. Jusqu'à nos jours, pollution, tarissement, captage clandestin, difficulté de l'accés reviennent, sans cesse, à l'ordre du jour des délibérations. II serait fastidieux d'en faire le catalogue. Quelques faits méritent cependant d'être relevés.
II apparait, d'abord, que cette fontaine n'eut jamais un nom bien défini. De multiples désignations lui furent successivement ou simultanément attribuées : Fontaine couverte (3) , barquil du portail Ramatuelle (5) , fontaine du bourg (6) , le barquil(7), fontaine de la Bourgade (8), ancienne fontaine de la Bourgade (9), fontaine de M. de Pontevès (10), fontaine la plus basse de la Bourgade (11), fontaine basse (12), et en dernier lieu, les Bains Maures. Tout récemment, est apparue, tout au moins dans les actes officiels, l'appellation, Font-basse.
D'autre part, des textes du XVIIle siècle fournissent l'explication du bouleversement des abords de la fontaine. En 1739, François de Pontevès, marquis de Bargème, propriétaire des terrains entourant la fontaine obtint l' accord de la communauté de Lorgues pour créer un chemin à I'ouest du bâtiment, draîner les eaux par un aqueduc et condamner le passage qui traversait ses jardins (13). Il put ainsi construire l'immeuble qui existe encore au sud de l'enclos. C'est vraisemblablement de cette époque que date la surélévation des chaussées qui ont partiellement enfoui le monument au nord et à l'ouest. En 1770, un nouveau point d'eau ayant été amenagé à proximité, la communauté de Lorgues décida d' utiliser l' ancienne fontaine à l' alimentation d' un lavoir ( 14) .

C'est alors que fut creusé le sol et déchaussée la face sud de la fontaine. La cuvette de recueil y fut transportée et deux conduits furent forés à 1 m. 50 au dessous du niveau de l' orifice d' origine . Ils fournissent encore l' eau qui, par une rigole, gagne le lavoir ( 15 ). L' intérêt de ces textes est de rendre compte du caractère secondaire des modifications de l'environnement immédiat et de pouvoir les éliminer à l' étude du monument.


 

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