Lorgues
Casimir DAUPHIN
( 1820-1888 )
À partir de 1856, l'éditeur marseillais Alexandre Gueidon publie son très lu Almanach historique, biographique et littéraire de Provence. Être publié par Guedon peut assurer une vraie reconnaissance régionale. Jusqu'ici enclos dans le petit monde toulonnais, Dauphin va devenir grâce à Gueidon un auteur connu dans la bouillonnement provençaliste naissant. Il publie successivement Madeloun. Lei Pins. Poèmes en vers provençaux, par Casimir Dauphin, Marseille, au Bureau de l'Almanach de Provence, 1859, et Lei Vieils Camins, poëme en vers provençaux, par Casimir Dauphin, Marseille, M.Olive, Gueidon, 1860,1861. _" Grandes routes et voies ferrées remplacent les chemins de l'enfance, l'égoïsme glacé du monde de l'argent efface la joyeuse simplicité populaire, et le français chasse le provençal. Entre passé et modernité, cur et raison, Dauphin ne peut qu'accepter " le progrès ". Mais son plaisir d'écrire est un hommage à la langue vaincue » [6]. _Sous l'appellation d'" homme de lettres, Toulon ", Dauphin figure en 1861 dans la commission chargée de l'érection d'un tombeau au célèbre poète marseillais Bellot Dans les violentes polémiques qui opposent tenants d'une poésie provençale " noble " et " trobaires " populistes, très présents dans le marseillais Cassaire, Dauphin, salué en cela par Gaut, l'ami de Mistral, se range dans le camp des premiers. En 1859, l'Almanach de Gueidon publié " Ma fillolo Jacquelino ", un texte que Dauphin a reçu du célèbre Jasmin : dans une lettre d'accompagnement, Dauphin oppose cette poésie " à l'école qui cherche le bruit dans une orgie de gros mots ". _Pour autant, Dauphin ne se veut pas exclusivement auteur provençal. En 1861, il donne dans l'Almanach de Gueidon une poésie française " Le soleil du dimanche ", qui présente l'itinéraire attendrissant d'une femme, de l'enfance heureuse au village à la maternité comblée... _Mais c'est à Toulon qu'il donnera sa dernière publication provençale. Toujours ami de Pietra, de Mouttet, il est mis par eux en contact avec les avocats et les publicistes de la jeune garde libérale, et c'est dans leur journal, Le Moucheron (n°4, 13 septembre 1863), qu'il donnera sa dernière pièce, " la Muso provençalo " [7]. Nostalgique salut à la poésie provençale qui s'en va, chassée par le français, et avilie par ceux qui la déshonorent de leurs grossièretés. |
[6] René Merle, Les Varois, la presse varoise et
le provençal, 1996, p.24. [7] id. Texte intégral p.55. |