Lorgues

L'agriculture

Extrait de " Lorgues Mémoire en Images". Tome II. Alain MARCEL . 2011

Jusqu’à la première moitié du XIXe siècle, la rentabilité de l’olivier était largement assurée. La superficie cultivée était encore de 2300 hectares en1857. La politique libre-échangiste du second Empire, qui facilitait l’entrée en France des huiles italiennes et espagnoles, la concurrence des oléagineux de remplacement : colza, arachide, amorcèrent la régression de l’oléiculture.
Mais c’est la concurrence viticole qui fut déterminante. Celle-ci commença à la fin du second Empire, la vigne devenant alors la première source de richesse agricole. La méthode prônée par les agronomes de séparer les cultures au lieu de les intercaler, entraîna la suppression des premiers oliviers. Arrêtée un moment par le phylloxéra qui toucha les vignes, la tendance à l’arrachage s’amplifia après1890, quand il fallut trouver de nouvelles terres pour le vignoble replanté en nouveaux cépages. Bien sûr, on défricha des pans importants de forêt, mais l’olivier perdit beaucoup de terrain et d’intérêt et ceux des coteaux commencèrent à être abandonnés.
La décadence se poursuivit lentement jusqu’à la première Guerre mondiale. Ensuite la chute fut brutale avec des années noires comme 1929 où mévente et gel s’additionnèrent. La pénurie de corps gras pendant la Seconde Guerre mondiale entraîna une éphémère reprise de l’économie oléicole, mais le déclin de l’olivier continua avec, entre autres, l’afflux massif des huiles coloniales.
Les comportements de certains industriels peu scrupuleux contribuèrent aussi à la dépréciation de l’huile d’olive. Ils la mélangeaient avec des huiles de graines à faible coût et ces coupages portèrent un préjudice considérable au produit. Les mouliniers et les agriculteurs interpellèrent en vain les pouvoirs publics pour interdire ces pratiques.
Pourtant des oléiculteurs désiraient encore se battre et, en 1954, la Société d’agriculture du Var poursuivant ses efforts pour valoriser l’huile, organisa une grande foire dont l’olive fut le thème central. C’est ainsi que naquit « la foire de l’Olive »  à Draguignan, avec l’ambition de créer un marché international des huiles. Février 1956 allait jouer un mauvais tour à cette volonté de renouveau : la quasi-totalité des oliveraies gela et tous les moulins fermèrent.
Aujourd'hui, l'huile d'olive retrouve sa place au sein des produits de terroir de qualité, sa consommation est en constante augmentation ; l’olivier connaît un nouvel engouement et sa culture intéresse à nouveau nos agriculteurs. Une AOC " Huile de Provence " a été décrétée en 2007 : le territoire de Lorgues en fait partie. Certaines communes donnent l’exemple en réhabilitant des oliveraies enfouies dans la végétation forestière, des oliviers remplacent même des arbres ornementaux sur les places publiques, Lorgues en a planté devant sa mairie. On peut rêver d’une reconquête des restanques abandonnées dont les beaux murs de pierre sèches embellissaient la campagne lorguaise.


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