Lorgues

 
Louis Nardin 1907 - 2006

 
Louis NARDIN découvreur de fonds.
Extrait de Vivre à Lorgues. Mars 99.Claude Derambure et Gilles Hardouin

"C'est un parcours méconnu des plus nouveaux habitants : dans les années cinquante-soixante, quand on voulait s'installer à Lorgues, l'opportunité naissait fréquemment chez Clément Cauvin, hôtelier du Parc. Il ne s'entremettait pas mais il suggérait de rencontrer tel ou tel " propriétaire ", ainsi se nommaient eux-mêmes les agriculteurs agés, possesseurs de biens fonciers. On avait ensuite les meilleures chances de passer chez un notaire, Pierre Clavier ou Pierre-Alberic Viton..

L'improvisé documentaliste

La première vague de migrants urbains connut cet itinéraire initiatique que complétait une audience municipale. Ainsi, Louis Nardin, en 1968: " Une fois que j'ai été ici, comme toujours, je suis allé voir le maire. ". Ensuite, avec son épouse Geneviève, sur la suggestion d'André Négrel, premier magistrat de 1965 à 1983, il fouille et entreprend de sauver les archives communales. Progressivement, se met en oeuvre la démarche d'inventorier et classer les écrits lorguais en mairie comme à la paroisse. Lié avec le directeur des Archives départementales du Var à Draguignan, le couple accède finalement à des textes protégés.
Dés lors Louis Nardin bénéficia de ressources documentaires, étendues et, pour les plus anciennes, peu exploitées depuis François Courdouan : " Aprés que je les ai vues, j'ai pensé qu'il faudrait faire l'histoire, les templiers, et tout ça... "

L'enquêteur opiniâtre
Outre ses quatre livres, l'acte majeur de sa recherche est une formidable collecte orale auprés des Lorguais. Imaginons un peu : colonel, ancien d'Indochine et d'Algérie, huguenot... Graces à quelles qualités put-il passer des seuils qui, pour bien d'autres, eussent été d'infranchissables barrières culturelles ? Son avis traduit une utite discrétion : " A cette époque, il y avait surtout des Lorguais qui étaient des paysans, des gens bien mais simples. Je n'ai pas trouvé de réticence. "
Pour accomplir son travail d'enquêteur, il s'appuie sur les réseaux familiaux, professionnels, confessionnels ou laïcs, rnobilisant. " pêres-curés " et lycéens, utilisant à l'occasion 1a radio libre de l'établissement scolaire... Lorgues étant alors dépourvue de publications historiques et ethnographiques, le désir le prit d'écrire un livre ; il occupa le terrain, jouant, en ancien colonial, la carte du désert : " L 'absence de documentation sur Lorgues cachait une richesse et j'ai écrit pour que soit connue cette richesse. Pas pour moi ».

L'érudit comblé
Son passage à l'écriture fut une épreuve maîtrisée : " Je n'avais jamais écrit sauf, à l'État, des rapports et des directives." Ses matériaux étaient considérables. D'une part il avait résumé le contenu des archives; d'autre part, au retour d'entretiens oraux pendant lesquels il ne prenait pas de notes, il écrivait et classait les informations retenues... Ainsi fut-il confronté à un énorme stock de données dont, à l'heure présente, tout n'est pas exploité.
" Lorgues, cité franche de Provence " , une somme, parut à compte d'auteur en 1972, en 1000 exemplaires comme chacun de ses "bouquins " . Copieuse récapitulation de thèmes, ordonnant chronologiquement - de la préhistoire ligure à 1971 ! -sa riche documentation d'archives et de témoignages oraux, l'ouvrage, en Dracénie marqua son temps: " ça a eu un succés que je n'attendais pas. Moi, ce qui m'inttéressait, c'était de faire la chose ; je n'ai jamais été commerçant ! ". Épuisé, le livre assure désormais le bonheur ou l'anxièté des collectionneurs.

L'instigateur pluriel
Doté d'une forte personnalité, bénévole actif et chercheur autodidacte, Louis Nardin est un symbole d 'intégration réussie .
A Lorgues, jusqu'à ce qu'une véritable politique publique du patrimoine soit mise en oeuvre par la municipalité, son emprise sur la réhabilitation des monuments fut incontestable. Certes, il n'opéra pas seul. Mais son impact frappe les mémoires et s'inscrit dans la pierre, ce qui est plus durable.
Ainsi , avec son épouse et avec ces bénévoles dont V.A.L cultive la considération, il intervint de manière décisive pour la restauration de six chapelles ( ND de Florièyes, Sainte-Anne, Saint-François, Saint-Honorat, Saint-Jaume, Saint-Jean-Baptiste), il milita pour la remise en place d'anciens noms des rues de la vieille ville, il suscita la rénovation des ex-voto de la chapelle de Saint-Ferréol, etc. ; ainsi avec notamment, Roger Hours, il fonda le groupe de maintenance Lou Ginestoun; ainsi avec la communauté paroissiale, il promut la crèche vivante de Noël ; ainsi , il est l'un des animateurs de la communauté protestante...
Né en octobre 1907 à Besançon, Louis Nardin a probablement conquis à Lorgues plus de place qu'il n'en espérait à l'arrivée de son couple.
Il faut dire que beaucoup était à faire. Constatons aussi que bien des choses ont été faites, et encore que nombreuses et opportunes ont été les initiatives. Mais, car tant reste à faire, souhaitons à voix haute et claire que Geneviève et Louis Nardin aient fait des émules ! "

Nota: Lorgues Cité Franche de Provence a connu depuis, deux rééditions dont en 2000 en reprint ( numérisation des pages du livre ) aux Éditions Parpaillon (Gonfaron).


 

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