Lorgues

La résistance à Lorgues

 Notice sur Lorgues parue dans le bulletin départemental de l'ANACR, Résistance Var.
Jean-Marie GUILLON . Historien, Professeur à l'Université de Provence

 

LORGUES

Cette grosse bourgade, resserrée autour de sa collégiale, paraît prête à résister à tous les assauts, mais elle a paru longtemps assoupie. Les légionnaires semblaient faire régner leur ordre, surveillant de près les "mal-pensants" comme le boulanger Roger Piéplu, animateur du club de football. Alors que l'AS s'organise de son côté en liaison avec Les Arcs, c'est autour de Piéplu et de ses jeunes sportifs qu'est constitué le détachement FTP. Il est l'un des éléments de la 2e compagnie FTP et porte le nom de Jean Carrara après la mort de celui-ci près de Castellane. La localité fournit des maquisards et l'un d'eux, Joseph Ricolvi, trouve lui aussi la mort dans les Basses-Alpes, à Mézel, le 11 juin. D'autres rejoignent et ravitaillent les FTP d'Aups. C'est au cours de l'une de ces missions que le jeune Maurice Flandin est pris avec le Hyérois Dunan près de Villecroze, le 23 juillet 1944. Ils seront parmi les 21 fusillés du 15 août, à L'Ariane, à Nice.

Depuis le 6 juin, le détachement "Carrara" a fait preuve de beaucoup d'activité. Conformément aux ordres reçus, il participe au sabotage des ponts routiers. Celui du Content est en particulier la cible de plusieurs actions : dans la nuit du 18 au 19 juin, puis un mois plus tard, avant d'être, finalement, complètement détruit le 26 juillet. Le groupe tend des embuscades. Il participe à des actions de ravitaillement en dérobant un camion de biscuits le 7 juillet dont le chargement ira au maquis ou sera distribué à la population le 14. Ce jour-là d'ailleurs, les femmes ont manifesté pour un meilleur ravitaillement en pain. Deux collaborateurs sont exécutés le 1er août conformément à la condamnation qui avait été placardée le 3 juillet.

Les résistants contrôlent Lorgues dès le 15 au matin, interceptent des Allemands isolés et repoussent le 16 au matin des éléments en repli. L'arrivée des Américains a lieu le 17 au petit matin. Mais les jours de la Libération sont aussi des jours tragiques au cours desquels la localité paye très cher sa participation au combat. Le 15, le détachement "Carrara", mobilisé, va chercher des armes aux Nouradons. C'est de retour, aux Arcs, que ses véhicules sont pris sous le feu des Allemands ; 13 jeunes gens sont abattus. Le lendemain, la localité, au carrefour de la RN 565 et de la D 10, est bombardée. Le bilan est lourd : 15 morts. Le 17 enfin, les 2 camionnettes d'un autre groupe de "Carrara" tombent au Thoronet sur une forte colonne allemande en repli. Ce sont encore 7 jeunes victimes qu'il faut ajouter aux précédentes.

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